Depuis 12 ans, Analog Africa sort de l’ombre de bien belles pépites musicales des années 60-70 100% Africa ! De ce travail de passionné, naissent des galettes miraculeuses superbement documentées.
Pour commencer : la passion
Il faut dire que Samy Ben Redjeb avait quelques prédispositions pour mener à bien son projet de création de label dédié aux musiques africaines. D’abord DJ au Sénégal puis steward pour la compagnie Lufthansa, ce passionné va continuer d’approfondir ses connaissances et de remplir ses bacs à vinyles à chacune de ses escales africaines. Mais pourquoi s’intéresser particulièrement aux années 60-70, me direz-vous ?
Tout simplement parce que c’est à ce moment-là que l’Afrique va connaître sa plus grosse production musicale électrifiée, à grand renfort de sorties cassettes et/ou vinyles. C’est sur cette période que beaucoup de groupes vont se former, avec la possibilité de pouvoir se produire sur scène et d’avoir accès à du matériel et notamment, des studios d’enregistrement.
Certains états soutiendront même financièrement leurs propres orchestres, véritables vitrines culturelles à l’époque. Une scène musicale riche va émerger entre 1960 et 1970, à base de Soul, de Funk, de Jazz et autre Afrobeat. Une scène musicale d’autant plus riche que chaque pays d’Afrique va développer un son et un style musical qui leur seront propres.
Après les années 70, les guerres civiles et autres crises économiques vont éteindre cette élan créatif et surtout détruire le matériel et les endroits où il pouvait y avoir de la production musicale. Certains territoires vont se replier sur eux-mêmes sur fond de catastrophe humanitaire, laissant derrière eux cassettes, vinyles lesquels vont peu à peu tomber aux oubliettes.
Dans les années 80, seuls les artistes confirmés auront la possibilité de continuer à faire de la musique, malheureusement en intégrant le synthétiseur et autres boîtes à rythmes de manière plus ou moins heureuse. Des disques qui seront pour beaucoup d’entre eux oubliés aussi, mais pour des raisons plus compréhensibles. D’autres artistes africains se tourneront vers l’Europe ou les États-Unis pour continuer à exercer leur métier de musicien.
Grâce au travail de fourmi de Samy Ben Redjeb, toutes les musiques et groupes qui valent le détour entre 1960 et 1970 sortent de l’oubli avec en plus, un coup de lustre sur les enregistrements, grâce aux possibilités offertes par le matériel actuel.
De beaux objets sonores pour les collectionneurs mais aussi pour les autres…
Généralement, quand Analog Africa sort une compilation ou réédite un album, le label ne fait pas les choses à moitié. Les versions vinyles et CD sont toujours agrémentées d’un livret richement illustré et documenté, racontant l’histoire de tel ou tel groupe, les anecdotes et le contexte de l’enregistrement de tel ou tel album. Et c’est justement ce qui fait la différence avec d’autres labels similaires. Car oui, il existe d’autres labels de passionnés qui rééditent d’anciens albums africains parus au cours des années 70. Mais à mon sens, ce qui fait la différence avec Analog Africa, outre la qualité des choix de sorties qui sont faits, c’est l’aspect documentaire qui donne à ce travail un côté « archéologie musicale » passionnante. Samy Ben Redjeb va même jusqu’à rechercher la trace de certains musiciens encore en vie afin d’organiser les interviews des protagonistes de l’époque et les publier.
C’est pour toutes ces raison que j’avais envie d’en parler et de partager. Enjoy !
Analog Africa Selection Vol.6 (2017) – 10 Years Anniversary Mix
Pour aller plus loin :
- « Tuniso-Allemand, il réédite la musique africaine des 1960s et 1970s » – Jeune Afrique, 30 juillet 2015
- Le BANDCAMP d’Analog Africa
- Le SOUNDCLOUD
- La page Facebook
- Le site web